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Tribu des Ait Alla Houderrane de Khemisset sous embargo


Tribu des Ait Alla Houderrane de Khemisset sous embargo
A 30 Km de la ville de Khemisset, se trouve la tribu oubliée des « ait alla houderrane ». Elle est constituée d’environ 2000 Habitants répartis sur trois douars (Ait Hmidane, Ait Taleb et Ait Bouhou). Comme si elle a est jetée dans une sorte de gouffre, la tribu est entourée par les montagnes et la foret de Zimri, puis on trouve, au nord, la tribu des Ait Ouahi. Malgré sa proximité de la région centrale du pays, cette tribu est dépourvue de toute infrastructure nécessaire pour lui assurer le minimum nécessaire pour une vie décente (Accès aux soins, Scolarité,…). Dans cette partie du monde rural dont la négligence a fait l’une des rares reconnaissances du défunt roi, l’état a démissionné de toutes ses responsabilités les plus élémentaires. Seules certaines convocations émanant de la gendarmerie royale et transmises à la population par un Cheikh attestent encore de l’existence de l’état.
En l’absence de toute route qui peut relier la tribu aux différents centres, la région vit sous un embargo total, voire une prison collective. Comme les sentiers sont longs et difficiles, pour ses déplacements et le transport des marchandises, le seul recours de la population restent les mulets et les ânes. Ainsi, pour une morsure de scorpion, de serpents, une blessure ou un accouchement, …, les habitants sont obligés de parcourir une vingtaine de kilomètres de sentiers difficiles pour arriver au centre de soin le plus proche de Tiflet. Suite à un testament du défunt président de l’IER Driss Benzekri, la tribu voisine des Ait Ouahi a récemment bénéficié de plusieurs projets ainsi que des infrastructures qui ont largement contribué à son désenclavement. L’exclusion de la tribu de cette initiative a induit un fort sentiment d’injustice et de mépris chez la population. En effet, « Ait Alla Houderran » sont fiers de leur histoire glorieuse qui les place parmi les régions qui ont le plus sacrifié pour la défense de la nation. Nombreux sont ses combattants qui ont donné leurs vies dans les différentes batailles qu’a connues le Sahara laissant derrière des orphelins et des femmes veuves sans aucune ressource. De même que lors de la guerre d’indépendance, la majorité totale de la tribu ont rejoint les rangs de l’armée de libération et ont payé des années de leurs vies dans les prisons coloniales. Bien avant, ils se sont ralliés aux tribus de Zayane sous l’égide de Moha W Hemmou Zayani ainsi que le soulèvement des tribus du Rif sous l’égide de Mohamed Ben Abdelkri Alkahttabi pour faire face aux invasions étrangères.
Les souffrances de la population ne se limitent pas au blocus imposé par l’absence de routes. En fait, pour s’approvisionner en eau et abreuver leur bétail, les habitants se trouvent dans l’obligation de parcourir des dizaines de kilomètres pour arriver à une source construite à l’époque coloniale. Cette source a subi de nettes dégradations et se trouve dans un état lamentable qui nécessite de profondes réparations ainsi que le lancement de projets de construction de puits accessibles et proches de la population.
La majorité absolue (99%) de la population est totalement analphabète. Pour la scolarité des enfants, il y’a une seule école pour les trois douars, cette école date depuis l’époque coloniale. Pour y arriver, les enfants doivent parcourir, à pieds, des dizaines de Kilomètres de sentiers très difficiles. Cette école est dépourvue des infrastructures de base telles que l’eau potable et le sanitaire et les murs sont dans un état lamentable. Comme il n’y a pas d’internat pour les héberger, les rescapés qui terminent leurs études primaires sont obligés de recourir à leurs proches familles dans d’autres villes. Avec cette situation, l’abandon de l’école reste la règle. Depuis l’indépendance, le nombre de bacheliers issus de ces conditions se compte sur les bouts des doigts.
Malgré que la tribu dispose d’énormes atouts, notamment agricoles, le niveau de vie ou de survie de la population est largement en dessous du seuil de la pauvreté et dans une misère digne de l’âge de la pierre taillée. Le pourcentage de l’exode rural dans la région est l’un des plus élevés à l’échelle nationale privant ainsi la région de ses forces vives. Vu le manque de moyens pour faire face à ces temps rudes et avec l’absence de projets de développements, la foret a depuis longtemps constitué le seul refuge pour les habitants d’une part pour la chasse avec des moyens traditionnels, et d’autre part pour s’approvisionner en bois pour produire du charbon destiné à la vente pour acheter des produits de première nécessité (sucre, thé, huile, blé,…), mais aussi pour le chauffage durant les périodes d’hiver qui enregistrent de très basse température. Vu cet état surexploitation, cette foret se trouve dans un état de déforestation très avancée, le désert gagne du terrain et l’espèce animal devient très rare et réellement menacé de disparition.
Comme les patrouilles des forces de l’ordre sont totalement absentes, les maisons sont suffisamment loin l’une de l’autre et avec l’absence d’éclairage, la population souffre énormément de problèmes de sécurité. Sans la moindre inquiétude, les voleurs atterrissent souvent la nuit s’accaparent ainsi de tout le troupeau des habitants, les plaintes déposées n’ont jamais abouti.
Les visages sont sombres, le temps de la tribu semble fixe et sans importance, aucune activité culturelle comme signe d’une vie. Avec un tel vide, la vente de drogue et d’alcool, autrefois inexistants, gagnent du terrain.
A part des promesses non tenues lors des échéances électorales, les différents élus et parlementaires qui ont succédé aux affaires de la région n’ont absolument rien rapporté. A plusieurs reprises le boycott des élections a été à l’ordre du jour. Une telle situation nécessite une intervention urgente de la part des responsables pour réparer les injustices dont souffre la population depuis des décennies pour stopper l’hémorragie.
boutyour@yahoo.fr

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